The Kerguelen Archipelago : Traduction d’un article de Dona Bertarelli sur Spindrift 2 pendant Le Trophée Jules Verne

Je réalise que nous étions, il y a seulement quelques jours, si près d’autres humains.

Et alors que nous longeons l’Antarctique, les hommes de la station spatiale internationale, à quelques 400 km d’ici, vont devenir nos plus proches voisins pendant un bon moment.

Nous sommes donc passés juste à côté d’une communauté de scientifiques vivant sur l’Archipel subantarctique français des Kerguelen qui compte parmi les endroits les plus froids, ventés et isolés de la planète. Personne ne réside à moins de 3 500 kilomètres de ces îles volcaniques.

Au cours de l’année et selon les saisons, il y a de 50 à 100 scientifiques, ingénieurs et chercheurs, basés sur les différentes îles de l’archipel. Il fait tellement froid en ce moment que j’ai du mal à imaginer que ces gens réussissent à travailler pendant l’hiver. Ces trois mois pendant lesquels le soleil ne dépasse jamais l’horizon de l’hémisphère sud.

Situées dans la zone frontale polaire, ces îles voient les eaux chaudes de l’Océan Indien rencontrer les mers froides de l’Antarctique. Ce mélange produit une eau riche en nutriments. Nombreux sont les éléphants de mer, les manchots royaux ou encore les albatros à choisir les côtes de Kerguelen pour s’y reproduire.

En 2006, le gouvernement français a désigné l’archipel ‘aire marine protégée’ (AMP) afin de sauvegarder les grands habitats naturels des cétacés, des légines si chères au commerce de la pêche et des terres de reproduction des oiseaux marins.

Il y a quelques jours, au cours de la COP21 se tenant à Paris, le ministre français de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Énergie, s’est engagé à étendre cette AMP à 550 000 kilomètres carrés de zone hautement protégée. Cette annonce a été faite au cours de la première réunion et, après 21 années de négociations sur le climat, le sujet de l’océan a été ici abordé, en liant la résilience de l’océan aux questions de climat.

Jusqu’à présent, il était très difficile de contrôler de manière efficace les réserves marines protégées. Debout sur le pont d’un bateau et munis de simples jumelles et radars, des officiers tentaient de lutter contre la pêche interdite. D’après mon expérience à bord de Spindrift 2, lorsque je fais un quart, il est très difficile de voir au-delà de seulement quelques milles, et en particulier à cet endroit de la planète.

La gestion des réserves marines vit une véritable petite révolution grâce aux progrès faits en matière d’utilisation des satellites. Ma famille, à travers la Fondation Bertarelli, a travaillé avec le Pew Charitable Trusts et le Satellite Applications Catapult pour concevoir une plate-forme que nous avons appelée The Watch Virtual Room (Le Centre de Surveillance Virtuel).

Il s’agit d’un outil spécifiquement conçu pour surveiller les réserves marines d’une manière rentable. Il permet de réduire considérablement le nombre de personnes requises pour analyser et détecter les activités de pêche illicites et non déclarées. La technologie analyse de multiples sources de données prises en temps réel par satellite, et les lie alors aux fiches d’informations des bateaux repérés. Un rapport immédiat peut déterminer s’il y a un doute quant à l’activité d’un navire et, si c’est le cas, une alerte est immédiatement envoyée aux autorités.

Le Radar à Synthèse d’Ouverture (RSO) et le Système d’Identification Automatique (SIA) sont les deux principales sources de données d’analyse. Et, à bord de Spindrift 2, nous utilisons ces deux systèmes. Pour schématiser, le RSO est un radar installé sur un satellite, émettant des micro-ondes. La radiation est reflétée à la surface de différentes manières en fonction des obstacles qu’elle rencontre, par exemple le métal pour les bateaux de pêche ou la glace blanche pour les icebergs.

Nous analysons quotidiennement l’imagerie RSO afin de déterminer notre parcours à travers les eaux glacées de l’Antarctique. Nous prenons aussi en compte les limites de ces données   puisque seuls les gros icebergs sont détectés. Il ne faut pas oublier qu’en moyenne, les deux tiers d’un iceberg restent immergés. Par sécurité, nous restons donc systématiquement à 50 miles des icebergs que nous repérons.

La technologie satellite qui permet de détecter des icebergs fera l’objet d’un de mes prochains articles. Il sera notamment question de la technique qu’utilise CLS, notre partenaire dans cette course autour du monde, qui nous envoie des images et nous alerte en cas de présence d’icebergs.

Vue de l’Archipel des Kerguelen depuis Spindrift 2 pendant le Trophée Jules Verne – ©Yann Riou | Spindrift racing

Publié par Céramiques nantaises

Je suis céramiste nantaise et je crée des pièces uniques en grès et en porcelaine

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