Nous naviguons loin de tout continent depuis que nous avons mis le cap sur le Sud, d’abord à travers l’Atlantique, puis l’Océan Indien, et aujourd’hui le Pacifique. Nous avons franchi à plusieurs reprises la frontière invisible des 200 milles séparant l’océan gouverné par les pays, des eaux internationales. Ce changement légal d’espace maritime marque à chaque fois notre passage en haute mer, qui couvre près de la moitié de la surface planétaire et deux tiers des océans. Sur cette immense partie de la planète inexplorée, se trouve le plus grand réservoir de biodiversité encore intact.
Presque la totalité des explorations scientifiques réalisées en haute mer, fournissent des éléments nouveaux et précieux pour la recherche. À contrario, les eaux internationales subissent les méfaits grandissants de la surpêche et de la pollution. Aussi, l’insatiable ambition des hommes pour toujours avoir plus de ressources, pousse leur activité industrielle loin des côtes, en haute mer. La pêche, l’exploitation minière des grands fonds marins, le réchauffement et l’acidification des océans, la pollution chimique et sonore, les déchets plastiques, les câbles, le trafic maritime et les pratiques destructrices comme le chalutage de fond, sont toutes des menaces croissantes pour la biodiversité de la haute mer.
Le régime juridique régissant actuellement les activités humaines en haute mer est malheureusement vétuste et inadapté pour remédier à ces nouveaux problèmes. Par exemple, il n’y a pas de critères uniformes pour évaluer l’impact des activités industrielles en haute mer – alors que depuis 1970, les mers territoriales de nombreux pays sont contrôlées.
De même, il n’existe pas de règles pour délimiter en haute mer, des réserves entièrement protégées où l’écosystème marin peut préserver sa biodiversité sans être perturbé par l’homme. Ainsi, c’est une industrialisation sauvage qui évolue en haute mer, sans pitié pour les éventuelles conséquences cumulées sur les espèces individuelles, leurs habitats, ou même le fonctionnement du plus grand écosystème océanique.
La haute mer, qui est au-delà de toute juridiction, a besoin de l’action internationale pour moderniser et structurer sa réglementation. Une issue positive se dessine pour mars, à l’Organisation des Nations Unies. En effet, après des années de discussions, les pays vont négocier la création d’un nouvel instrument international, pour la conservation et la gestion de la biodiversité en haute mer. C’est une avancée formidable pour l’océan. Et même si tous les pays n’ont pas le même point de vue sur la meilleure façon de procéder, ils garderont en tête, je l’espère, l’importance d’assurer à long terme la santé et l’écosystème des océans.