Les oiseaux de mer de l’Antarctique : Traduction d’un article de Dona Bertarelli sur Spindrift 2 pendant Le Trophée Jules Verne

Traduction Spindrift
Traduction Spindrift

Alors que nous avons passé le Cap Horn et entamé notre remonté retour en Atlantique, suivant les côtes de l’Argentine, nous avons graduellement quitté les mers du Sud. Comme un « au revoir », plusieurs oiseaux nous ont suivi ces derniers jours, d’ailleurs étonnamment plus nombreux que lors de toute notre circonvention de l’Antarctique. Aussi surprenant que cela peut paraître, en une nuit la température de l’eau est passée de 3 à 15 degrés et les oiseaux de mer de l’Antarctique ont laissé la place aux poissons volants.

Beaucoup d’oiseaux de mer passent l’essentiel de leur vie en mer, loin des hommes. Leurs habitudes et leur habitat restent souvent un mystère. Malgré leur indépendance, les oiseaux de mer agissent toujours en véritable crieur public lorsque les profondeurs de l’océan sont en danger. C’est assez révélateur et pas totalement surprenant, qu’au cours des dernières décennies, le commerce mondial de la pêche a connu un déclin abrupte alors que la population d’oiseaux de mer a elle aussi considérablement diminué. Cette concordance est due aux chalutiers qui ont effectué des pêches commerciales en masse dans les zones d’alimentation de ces oiseaux. Ils ont menacé ces espèces, les classant parmi les oiseaux les plus vulnérables au monde. Alors que 45 espèces d’oiseaux marins vivent au sud de la zone frontale polaire, seulement 19 espèces se reproduisent sur le continent Antarctique. Parmi eux, on compte les espèces pélagiques, vivant en liberté, comme les albatros et les pétrels. On recense aussi les espèces côtières, comprenant les grands labbes, les cormorans, les sternes et les chionis, qui évoluent à proximité des rives. Et enfin, on retrouve 7 espèces différentes de manchots, des oiseaux qui ne savent pas voler, mais qui compensent en étant d’excellents nageurs.

Les oiseaux de mer de l’Antarctique relèvent d’incroyables défis. Ils sont capables de supporter le climat le plus hostile au monde. D’ailleurs, chaque espèce a ses propres techniques et caractéristiques pour survivre ; partage des responsabilités parentales et monogamie, pieds palmés pour une meilleure flottabilité, ou plumage épais pour une meilleure isolation thermique. En étant à la fois prédateurs et proies, ces oiseaux marins des mers du Sud, à forte longévité et à la lente reproduction, jouent un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire de l’Antarctique. Pour survivre, les oiseaux de mer se nourrissent de poissons fourrage et en particulier des minuscules krills de l’Antarctique. Ils peuvent dépenser beaucoup d’énergie à chasser pour se nourrir de grandes quantités de ces petits crustacés. Par exemple, le Manchot empereur est capable d’atteindre 600 mètres de profondeur lorsqu’il plonge pour se nourrir. C’est le meilleur dans cette catégorie parmi tous les autres oiseaux de la planète. Mais il peut aussi servir de repas pour des grands prédateurs des mers du Sud, comme les orques ou les phoques léopards, qui comptent bien sur les oiseaux de mer et d’autres proies pour assurer leur propre survie.

 

Manchot Empereur

D’autres oiseaux, comme les pétrels, vivent sur le continent. On retrouve les Pétrels antarctiques tout au long de toute la côte Antarctique, sur les îles voisines, et même sur la banquise, où la nourriture est plus facile à trouver puisqu’ils sont moins nombreux. Ils sont capables de supporter le froid et les intempéries de l’extrême sud de l’Antarctique grâce à leur isolation due à leurs plumes propres, sèches et bien huilées. Le Pétrel des neiges est l’oiseau nicheur qui vit le plus au Sud. Certains vont jusqu’à 700 km vers le Sud de l’Antarctique pour se développer. Comme les Pétrels antarctiques, ils apportent à leur plumage un soin tout particulier ; les « bains de neige » leur permettent de garder leur beau plumage blanc bien propre et épais pour se protéger du vent et de la glace.

 

Pétrel antarctique

Les sternes peuplent les côtes du monde entier. Parmi elles, les plus impressionnantes sont sans doute les Sternes Arctiques qui font un voyage de 19 000 kilomètres de l’Arctique, leur terre de reproduction, vers l’Antarctique où elles viennent se nourrir l’été, avant d’effectuer le trajet inverse. Cette migration effectuée en masse est la plus longue parmi toutes les espèces d’oiseaux sur Terre.

Je décrivais il y a peu de temps de cela dans un autre article, l’albatros comme le Roi des oéans. Avec une envergure de 2,5 à 3,5 mètres qui dépasse tout autre oiseau vivant, l’albatros a été conçu pour voler. Il peut planer des heures durant, sans même avoir besoin de battre des ailes, laissant son corps en osmose avec le vent. Véritable marin, l’albatros possède une glande de dessalage de l’eau de mer ingurgité en même temps que sa nourriture, lui permettant de rejeter le sel excédentaire au niveau des narines.

 

Albatros dans le Détroit de la Maire | © Yann Riou – Spindrift racing

Il existe beaucoup d’autres espèces d’oiseaux qui ont besoin de l’Antarctique et des mers du Sud pour vivre et se reproduire. Chacun d’entre eux sait s’adapter aux rudes conditions climatiques pour évoluer dans le froid, la neige et la glace. Comme le changement climatique commence à réchauffer leur océan, cela modifie leur alimentation, les forçant à s’adapter rapidement à des conditions qui augmentent leur vulnérabilité. Les intempéries, les prédateurs, le manque de nourriture, et d’autres défis de taille les attendent.

Les conséquences du changement climatique, vont certainement menacer la survie des Manchots empereurs. On prévoit des réductions de plus de 80% de certaines colonies. La seule manière de résoudre le problème lié au réchauffement de l’Antarctique et des autres océans du monde serait de réduire les émissions de dioxyde de carbone associées à la combustion des carburants. Beaucoup d’autres mesures pourraient aider ces oiseaux à survivre dans un monde en mutation. La mise en place de grandes réserves marines serait particulièrement utile, si c’est associé à des mesures destinées à prévenir l’épuisement localisé des krills et de poissons fourrage. Cela permettrait à ces oiseaux emblématiques de continuer à se nourrir correctement, de mieux résister aux futurs changements climatiques et de rester dans les eaux de l’Antarctique pour de longues années.

Publié par Céramiques nantaises

Je suis céramiste nantaise et je crée des pièces uniques en grès et en porcelaine

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